Les femmes dans les musiques traditionnelles : un retard à rattraper

Le groupe Musiques Traditionnelles d’HF+ Bretagne s’exprime quant à l’importance de la présence des femmes sur les scènes de musiques traditionnelles.

Les réseaux sociaux du secteur des musiques traditionnelles de Bretagne bruissent d’indignation. Quel est l’objet du délit ?

Des propos offensants et déplacés de la Vice Présidente de la Région à la culture. C’est indéniable et elle l’a reconnu et s’est excusée. Mais s’élever bruyamment contre les mots utilisés permet surtout de ne pas regarder en face le sujet de fond : le secteur des musiques, en particulier celui des musiques traditionnelles, est celui qui part du plus loin et qui évolue le moins vite en ce qui concerne la place que les femmes y occupent.

Les chiffres sont têtus. Depuis 10 ans, ceux recueillis par HF+ Bretagne montrent que, dans tous les domaines de la culture, la place des femmes n’est pas celle à laquelle elles pourraient prétendre alors qu’elles constituent la moitié de la population. Dans le secteur des musiques traditionnelles, alors que les femmes et les filles sont les plus nombreuses dans les lieux d’enseignement, un fest-noz sur trois se déroule sans aucune femme sur scène. Elles sont écartées en particulier des scènes les plus importantes – qui donnent le plus de visibilité et de revenus – où elles ne sont que 9%.

Ces chiffres ont été recueillis avec l’aide précieuse de Tamm Kreiz et nous savons que plusieurs programmateurs de fest-noz souhaitent faire changer les choses vers plus d’égalité. Mais nous savons aussi la puissance des résistances auxquelles ils se heurtent, d’autant plus efficaces qu’il faut effectivement du volontarisme et accepter de prendre quelques risques pour faire changer les choses.

Alors plutôt que de s’indigner sur des mots, indignons-nous sur les faits et faisons évoluer les fest-noz pour qu’ils deviennent plus représentatifs de la société. Ce n’est pas une « question de bobo rennais », comme il a été dit par un conseiller régional cité par le Télégramme, mais bien une amertume et un découragement pour de nombreuses musiciennes traditionnelles de toute la région qui ne peuvent pas participer comme elles le souhaitent à la vitalité des expressions bretonnes.

La musique, quel que soit son style, ne peut se créer et se partager aujourd’hui sans la moitié de l’humanité !

Que les femmes artistes prennent place, que les organisations d’évènement agissent de manière attentive et volontariste pour des programmations mixtes et plurielles, que les collectivités publiques soutiennent ces initiatives et rappellent ce cap de lutte en faveur de la création par toutes et tous, tels sont nos vœux pour 2024 : ils sont exigeants mais réalistes.

HF+ Bretagne

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